Mon carnet de paysans, c'est plus qu’un carnet de voyage traditionnel, où il n'y aurait que des aquarelles. C'est un carnet qui évoque un monde que nous croyons connaître: le monde paysan.
J’entendais Pierre Rosenvallon sur France Culture, citant une phrase de Michelet : « Faire cesser cette ignorance dans laquelle nous sommes les uns des autres ».
C’est exactement le but que je me suis fixé avec ce carnet. Aller à la rencontre des paysans afin que ceux que nous côtoyons sans les voir puissent s’exprimer largement et que nous ayons une connaissance un peu moins superficielle de la manière dont ils vivent.
En voici encore un extrait:
François, éleveur de vaches allaitantes:
François élève aussi des poulets, en intégration.
Intégration? Cela signifie qu’une entreprise le paye pour élever poulets,
pintades ou chapons. Il reçoit les poussins en même temps que la nourriture,
stockée dans un silo. A la fin, il est payé au poids des bêtes. Il y en a 4400
sur 400 mètres carrés, parce que c’est du Label rouge. Sinon, c’est 25000 sur
1000 à 1200 mètres carrés ! Il les garde six semaines au chaud. Ensuite
les trappes sont ouvertes et les poulets peuvent aller dehors. Après 80 jours
minimum, l’entreprise vient les rechercher pour les mener directement à
l’abattoir.
François, éleveur de vaches allaitantes:
François élève aussi des poulets, en intégration. Intégration? Cela signifie qu’une entreprise le paye pour élever poulets, pintades ou chapons. Il reçoit les poussins en même temps que la nourriture, stockée dans un silo. A la fin, il est payé au poids des bêtes. Il y en a 4400 sur 400 mètres carrés, parce que c’est du Label rouge. Sinon, c’est 25000 sur 1000 à 1200 mètres carrés ! Il les garde six semaines au chaud. Ensuite les trappes sont ouvertes et les poulets peuvent aller dehors. Après 80 jours minimum, l’entreprise vient les rechercher pour les mener directement à l’abattoir.
Justement, je me retrouve dans le poulailler, en
compagnie des poulets. Imaginez quatre mille petits poulets qui se précipitent
vers vous, parce qu’ils sont très curieux, et vous encerclent, piaillant sans
cesse. Parfois, on ne sait pourquoi, ils s’arrêtent pour repartir de plus
belle. Certains se font face, yeux dans les yeux, se jaugent, se hérissent,
finissent par se sauter dessus, comme dans une rue étroite deux spadassins qui
ne voudraient pas se céder le passage et dégaineraient leur épée. Je peins dans une lourde odeur de fiente.
Et comment la livre-t-on aux supermarchés cette petite chair bien dodue,
nourrie à je ne sais quoi, ai-je demandé à François. « Pour attraper
les poulets, quand ils sont prêts, il faut attendre la nuit. Sinon, ils ont
peur, s’entassent et s’étouffent. Le ramasseur peut passer à minuit. On est
huit ou dix, avec nos lampes de poche, et encore, on l’allume le moins
possible. Juste le temps de voir où sont les poulets. On les prend quand ils
sont encore un peu endormis, on les met dans des caisses, direction l’abattoir. Quant
à la nourriture, elle est très contrôlée, bien plus que pour les poulets
fermiers. Fermier, ça veut juste dire : élevé à la ferme, mais on peut
leur donner n’importe quoi à manger.»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire